Thursday, December 28, 2006

du palmarès !

Comme tout bon nerd irrécupérable, je pense qu'il est important dans la vie de toujours faire des top 5, et JE ME CROIS !!! Misère... c'est-y pas malheureux... En fin d'année comme ça, c'est assez difficile de s'empêcher de faire des bilans. Alors voici mes top 5 de l'année... yé !

POP

1. Guillemots - Through the Windowpane
- OK, cette bande peut prétendre faire partie de la même catégorie qu'XTC, Prefab Sprout, ou même potentiellement Jimmy Webb, en plus artsy. Ils ont une approche très créative, heart on its sleeve et accueillante (voire, quasi familiale) du POP. C'est le genre de disque que j'ai longtemps attendu.
2. Rocky Votolato - Makers
3. The Pernice Brothers -
Live a Little
- Joe pernice est quelqu'un en qui on peut avoir confiance. Il continue de s'améliorer, comme si c'était encore possible. Il a perfectionné avec ce nouvel opus son art du refrain.
4. The Forecast - In the Shadow of Two Gunmen
5.
Editors - The Back Room

Mentions spéciales :


+ Hold on Hold on, de Neko Case - qui est la chanson de l'année (tirée de Fox Confessor Brings the Flood).
+ Standing Waltz & Under Electric Light - dont j'ai parlé lors d'un message précédent.
+ The Roots - Game Theory - Je ne m'y connais pas assez en hip hop pour me prononcer sérieusement, mais sibolle que je l'ai écouté, ce disque, là. Viarge !
+ The Most Serene Republic - Phages - Un mini-album qui n'a pas été publié de façon officielle, il faut le télécharger sur iTunes ou l'acheter au concert. Trop fort !
+ Billy Bragg, concert au Club Soda le 22 septembre 2006. Certains peuvent trouver que sa musique est trop naïve (la bonne naïveté est une de mes valeurs fondamentales), qu'elle manque de subtilité, mais je pense que c'est absolument essentiel d'être aussi direct de nos jours. Et ça prend des couilles gigantesques. Pour le deuxième rappel, il nous a fait un cadeau incroyable, il a joué son premier album (Life's a Riot With Spy vs. Spy) au complet ! À la fin, il avait la voix en mille morceaux. Ce concert a été un des moments les plus inspirants de 2006.

CINÉMA

Je n'ai vraiment pas eu beaucoup de temps pour regarder des films cette année. Ma copine et moi, on a dû passer des mois sans mettre les pieds au cinéma, et à chaque fois qu'on essayait de mettre un DVD dans le lecteur, on s'endormait cinq minutes après le début du film. Dans les derniers jours, avec la "permission morale" des fêtes, on a recommencé à écouter des films, mais aucun d'eux n'a été fait après 1967 (Rebecca, Lifeboat, It's a Wonderful Life, A Fine madness, du bon stock, quoi !). Mais du peu que j'ai vu cette année, j'ai aimé :

1. A Prairie Home Companion, de Robert Altman
- Oui, la mort d'Altman y est pour quelque chose. C'est vraiment étrange que cet ultime film, fantômatique et bourré de vie, jongle justement avec les thèmes de la vieillesse, de l'obsolescence et de la mort. Le superbe chant du cygne d'un réalisateur qui sait c'est quoi, le cinéma.
2. La science des rêves, de Michel Gondry
3. Little Miss Sunshine, de Jonathan Dayton et Valerie Faris
4. Scoop, de Woody Allen - N'importe quand...
5. Le petit lieutenant, de Xavier Beauvois

Mentions spéciales :

+ Rocky Balboa, de Sylvester Stallone - Au terme de mon marathon automnal, après les lancements, Expozine, le Salon du livre, le RVIBD de Gatineau, et après avoir publié 14 livres en deux mois (!), j'étais complètement lessivé. J'avais besoin de regarder un film simple (ceux qui ont lu mes livres savent que je n'ai rien contre la simpicité, au contraire... si ça se trouve, je vénère la simplicité), qui remonte le moral et dont les enjeux sont essentiellement physiques (j'ai passé l'année assis à mon ordinateur). Quoi de mieux que Rocky ? J'ai tellement aimé ça que j'ai regardé les 4 sequels dans la foulée. En gros, c'était moins ridicule que dans mon souvenir, notamment parce que c'était la première fois que je les voyais en version originale anglaise (les vraies voix de Burgess Meredith et de Tony Burton, ça fait TOUTE une différence --ailloille !--). J'ai trouvé ça amusant que le premier aie une telle grâce, alors que le deuxième s'adressait au quotient intellectuel d'un chimpanzé moyen, le troisième à celui d'un mulot, le quatrième à celui d'un géranium (quoique si on le prend comme une comédie, c'est un chef-d'oeuvre), le cinquième à celui d'un sac de chips vide oublié dans une flaque d'eau vaseuse. Little did I know that a sixth installment in the series was just about to be released ! Déjà, le film ne s'appelle pas Rocky VI, mais Rocky Balboa. Je pense que ce titre est une invitation à bien vouloir accepter d'ignorer ces... erreurs de parcours (je suis gentil). Cette supposition est confirmée en voyant le film. Si les flashbacks extraits du film original abondent (un peu trop, quand même, surtout au début), il n'y en a presque pas des quatre déclinaisons honteuses. Stallone accomplit avec honnêteté et une humilité relative ce qu'il a somptueusement raté dans Rocky V : rendre hommage au film du jeune homme ambitieux et sincère qu'il a été en 1975. La série a toujours suivi la carrière de Stallone (c'est assez unique dans l'histoire du cinéma, Rocky : autobiographie à long terme ?). Dans le premier, l'ennemi était la pauverté et ce qu'on pourraît appeller la nowheritude, l'anonymat, l'abandon de ses rêves, le non-accomplissement et l'échec. Il ne s'agissait alors que de saisir une chance unique de pouvoir réaliser son potentiel, aller jusqu'au boût et rester debout malgré tout (le rêve américain, en somme). Dans le second, l'ennemi était le côté obscur du rêve américain : l'ambition laide qui place les êtres en pyramide avec un seul et unique plus fort au sommet, et toute la tricherie odieuse et le racolage dont l'individu-carnassier doit user pour y parvenir (les enfants qui le suivent dans la rue jusque sur les marches du palais de justice... argh !), dans les troisième et quatrièmes, Stallone se mesurait à son embourgeoisement et à l'égotisme démesuré dû à sa popularité disproportionnée (la monstrueuse baloune de délire qu'est le statut de star). Le cinquième était prématuré, puisque l'ennemi était déjà le temps qui passe et la vieillesse. Stallone voulait revisiter son mythe avec la sagesse du vieux routier, mais il est encore saoûl de succès. En 1990, il fait constamment le tour du monde, à ouvrir des Planet Hollywood, personne n'a eu le temps de l'oublier, et son film sonne faux. Avec Rocky Balboa, Stallone est bien mûr pour ce regard attendri sur son glorieux passé. Il reconnaît avec plus de justesse que l'ardente fougue qui alimenta le premier film a plus de valeur que les années de limousines, de figurines en plastique et de projecteurs qui ont suivi. J'ai aussi apprécié l'absence de la fatiquante Adrian. Le nouvel intérêt romantique de Rocky, Marie, n'est pas une chipie toujours en train d'essayer de lui clouer les pieds au sol. Non, celle-là, elle lui dit : "Come on, vas-y, je crois en toi." Une attitude finalement plus amoureuse et constructive que celle de la castrante Adrian. Le but de Marie n'est pas de garder son mari intact à la maison, elle préfère, en priorité, que son mari trouve sa place, qu'il s'accomplisse avant de mourir. Le réalisateur-scénariste aurait-il aujourd'hui des vues moins misogynes qu'avant ? Finalement, Rocky Balboa (2006) renoue avec un des aspects les plus chouettes de Rocky (1976) : Il rend hommage à Philadelphie, et tente de restituer l'esprit de la ville, notamment, avec le retour du SOUL de Philadelphie qui agrémentait musicalement le premier. Il montre le lien entre la "légende" Rockyesque et les habitants de Philly dans un montage de générique final un peu corny (je n'ai jamais compris l'identification géographique des gens avec leurs champions sprotifs --fictifs ou réels--) mais quand même touchant (comme les deux films, d'ailleurs).
+ Fauteuils d'orchestre, de Danièle Thompson - On voit que j'ai eu besoin de feelgood movies, cette année. La critique française a blasté ce film, mais je l'ai trouvé ravigotant, moi.
+ Congorama, de Philippe Falardeau
+ Justice League, season 2, de Bruce Timm et compagnie - Entre autres pour la musique... la musique... et pour le reste. Formidable. Je devais avoir les yeux ronds comme des billes en regardant les derniers épisodes.
+ Battlestar Galactica, de Ronald D. Moore - Personne ne pouvait s'attendre à ce que cette zombification revampée de knock off de Star Wars des 1978 soit aussi brillant.
+ Hollywoodland, d'Alez Coulter et The Black Daliah, de Brian DePalma - Je ne crierai pas au génie, mais c'est toujours agréable de regarder des polars glauques et retro de même. Dans la même veine, l'an passé, il y a eu aussi Where the truth lies, d'Atom Egoyan. J'ai décidément un faible pour le style de ces films.
+ Casino Royale, de Martin Campbell - Ça y est presque !!! Il n'y a pas eu de James Bond aussi réussi depuis On Her Majesty's Secret Service (de très loin mon préféré). Ça fait du bien de retrouver ce personnage utilisé avec un minimum de sérieux. On s'ennuie encore de Maurice Binder, Ken Adam et John Barry (qui ont transformé les films plutôt ordinaires de cette franchise en classiques incontrournables), mais la nouvelle équipe se défend très bien. Particulièrement David Arnold, qui se débrouille de mieux en mieux en modernisant élégamment les motifs classiques de Barry. Et le vétéran Peter Lamont est encopre de la partie. Si ce n'était de la trop longue chire dans le romantisme boursoufflé maladroitement mis-en-scène (les gars, concentrez-vous sur l'action, vous êtes très forts là-dedans, mais laissez le romantismes aux spécialistes), ce serait le meilleur ! Et ceux qui chignent parce que Daniel Craig "a un corps, mais pas d'âme"... voyons donc ! James Bond, c'est pas une personne, mais un logo. Comme Tintin ou Charlie Brown, on est censés se projeter dans le personnage pour que ça fonctionne. C'est pour ça qu'on ne connaît rien de son passé, etc. Bond n'est pas un personnage, c'est un véhicule à spectateur. Point. En ce sens, Craig est parfait.

BANDE DESSINÉE


C'est pas évident, je ne lis plus assez de bande dessinée (plus le temps) pour prétendre avoir la moindre crédibilité sur le sujet. Et je suis trop proche de certains livres récents (Le point B, Traité de balistique) pour avoir un jugement aéré. C'est certain que si je ne dirigeais pas mécanique générale, Minerve serait mon livre de l'année (nettement meilleur que La volupté, qui joue un peu dans les mêmes plates-bandes), et j'ai lu Les petits ruisseaux, qui semble générer un enthousiasme consensuel universel, mais bien que je n'ai pas détesté, ce n'est certainement pas meilleur que Dans mes rellignes. En plus, je suis très en retard dans mes lectures. Et la plupart des meilleurs livres de la bande dessinée européenne ne se rendent plus jusqu'ici pour cause de période de transition interminable dans la distribution. Pour cette raison, je n'ai pas encore lu le Sébastien Lumineau, le nouveau Rupert-Mulot, etc. C'est déprimant et ça va coûter cher de rattrappage à Angoulême. Un effet pervers de cette absence de plusieurs éditeurs importants (L'association, Cornelius, Les requins marteaux), c'est que les lecteurs d'ici semblent penser que le Futuropolis zombifié et la collection Écritures de casterman, c'est le boutte de la marde, le nec plus ultra du prestige. Ça me rend malade.

1. La muse récursive t.1, par David Turgeon
2.
Orage et désespoir, par Lucie Durbiano
3. Marvel Super-heroes :
Civil War, (le cross-over incluant Civil War, Front line, Fantastic Four, New Avengers, Spider-Man, Captain America, etc.) par Millar, Bendis, Brubaker, Straczynski, Jenkins, etc.
- En attendant que les livres des petits éditeurs recommencent à traverser l'Atlantique, j'ai redécouvert avec beaucoup de bonheur la bande dessinée mainstream américaine dont je m'étais écarté pendant une bonne douzaine d'années. J'ai retrouvé les moments de trépidation liés au feuilleton, à la visite hebdomadaire au comic shop pour aller chercher le nouveau chapitre de l'histoire en cours et la délicieuse torture des cliffhangers. Et c'est bigrement bien écrit, franchement (si bien qu'on arrive à apprécier le dessin)... L'objet comic book broché de 22 pages m'énerve toujours quand il s'agit de le ranger (quess-tu veux faire avec ça ?!), mais le plaisir de lecture est là, si on arrive à ignorer les INTERRUPTIONS PUBLICITAIRES (pitié, bordel...) !!! Dans plusieurs séries américaines actuelles (The Authority, Justice League Unlimited (anim.), Civil War), le vilain est le gouvermenet américain. Chose qui était aussi courante dans les années Nixon (Captain America). Plus qu'un cliché facile, c'est intéressant de voir que les pics de ces thèmes de méfiance envers le gouvernement coïncident avec les périodes les plus dégoûtantes de l'histoires de la politique américaine moderne.
4. Mon bel amour, par Frédéric Poincelet
5.
Paul à la pêche, par Michel Rabagliati

Mentions spéciales :

+ Spirou et Fantasio : Les géants pétrifiés, par Yoann et Vehlman - enfin, une équipe qui sait faire des Spirou, et une belle collection pour donner la chance à des auteurs qui peuvent faire à nouveau quelque chose d'intelligent avec ces personnages.
+ Astonishing X-Men : Torn, par Joss Whedon et John Cassaday

Bon, ben c'était long... j'y ai pas mal passé la journée...

BONNE ANNÉE 2007 !!!

Jimmy

Saturday, October 14, 2006

pop, pop, pop musik !

Aaaaaargh ! je viens de faire deux découvertes MONSTRES sur Myspace. Enfin des découvertes... Il s'agit des groupes de 2 personnes que je connais depuis longtemps, mais je ne me doutais pas que leur musique avait autant maturé.

Premièrement, Danny Provencher, un ami Montréalais qui vient de Victo, qui travaille (maintenant en duo) sous le nom de Under Electric Light. J'veux dire... ça c'est la musique que je rêvais de faire, dans le temps, mais j'ai jamais eu assez de talent. FUCK ! Ça a pas de sens ! En plus, Dan nous avait caché qu'il avait une aussi belle voix, et son sens de la mélodie s'est grandement développé ! La production est luxuriante, ample, élégante et langoureuse... MAN ! DAN ! J'capote ! On peut acheter deux EPs en ligne par Paypal, mais j'ai des petits problèmes de confiance avec Paypal. Peut-être croiserai-je Dan à Expozine ?

Deuxièmement, Standing Waltz, je ne saurais trop vous conseiller de courir acheter le nouveau EP (distribué par Local dist.). Comment décrire... t'sais, quand on fait du pop, on essaie de trouver le code secret pour faire la track parfaite, la mélodie qui s'installe solidement et qui reste, qui fait sentir que l'histoire du pop était une suite de brouillons pour en arriver là... et je pense que ce groupe vient de tomber drette dessus. L'enveloppe sonore est majestueuse, et ça groove en tipéché. J,ai l'impression que ça me manquait depuis longtemps, ce genre de mélodie. Si j'avais découvert ça comme ça par hasard, j'aurais quand même voulu porter un t-shirt du groupe, mais là, en plus, je connais Pascale, la drummer, et si je pense à l'âge qu'elle avait quand je l'ai connue, ça me rajeunit pas (houlààà...) ! Ça ne change rien à la force de frappe de la musique, par exemple !

À bientôt, je vais aller penser à mon fond de pension !

Jimmy

Friday, September 29, 2006

jonathan veilleux


J'étais déjà un fan fini pour toujours et à jamais des pages de bande dessinée de Jonathan Veilleux. Les tribulations de caltor le morceau de jambon et ses amis sont un beaume hebdomadaire sur mon coeur.

Mais la semaine passée, houlala ! J'ai découvert son band All of your friends (suivez le lien et allez écouter ça, MAAAAAAAN !) !!!!!!!!!!!!!!!!!! Montréalaises, Montréalais, il faut qu'on aille toutes et tous écouter All of your friends le 11 octobre, à 21h à l'hémisphère gauche (221 Beaubien est), et il faut qu'on fasse beaucoup de bruit (là je vais avoir l'air ti-casse si je peux pas y aller).

J

Thursday, September 14, 2006

pépés


J'ai un nouveau livre de chevet, que je n'arrête pas de consulter compulsivement : Dear John, the Alex Toth doodle book. Luc Giard me l'avait mis de côté dans une librairie qu'on fréquente (Studio 9, coin St-Hubert/Rosemont), et j'étais bien content de le découvrir, ce petit livre paru quelques mois après la mort de Toth (non, ce n'est pas un truc opportuniste, il était annoncé avant sa mort). C'est le genre d'ouvrage qu'on voit trop rarement, miraculeux, qui regroupe des paquets de dessins libres, de la correspondance, des extraits de bande dessinée et toutes sortes d'expériences. J'ai hésité avant de le lire. Toth a projeté, pendant les dernières années de sa vie, une image de vieux grognon qui ne jurait que par Milton Caniff, et le milieu semblait déçu par sa personnalité aigrie. Mais au contraire, le Toth intime qu'on découvre dans les pages de ce livre est très attachant. Un artiste très drivé, capable d'auto-dérision, passionné par son art/métier, certes sévèrement critique face à la bande dessinée moderne, mais pas plus que moi. J'ai été agréablement surpris de découvrir qu'il était fan des excellents Rubber Blanket de David Mazzucchelli, et qu'il lisait Love & Rockets et la revue Drawn & Quarterly.

Toth est fascinant à lire, évoquant des anecdotes avec ses vieux copains Caniff et Frank Robbins, (qui devint aveugle avant de mourir) , pognant les nerfs à propos d'un lettreur qui travaille mal (le lettrage à la machine qu'on trouve de nos jours n'a pas dû aider sa santé), répétant sans cesse la citation du violoniste Isaac Stern : "Make it simple so you can't cheat". Pour lui, la simplicité et la lisibilité ne sont pas qu'un choix esthétique, c'est une éthique de vie.


Le livre est vraiment chouette à tenir, et à feuilleter dans tous les sens. La mise-en-page m'énerve un peu, par contre. C'est l'exemple même de la job de graphiste qui veut prendre toute la place alors qu'il devrait mettre en valeur les images publiées. On ne publie pas le roi du noir et blanc avec des petits dégradés photoshop dans les marges (qui empiètent sur les dessins ! Come on !) et des petites textures en dessous. L'extrême élégance du trait inimitable de Toth est ternie parce que scannée en grayscale (quand il n'y a pas de tons de gris, scannez en bitmap à 1200 dpi, les gars). C'est dommage, mais on ne peut pas demander la lune, apparemment. L'éditeur fait preuve d'aplomb en publiant ce livre, et je le félicite et le remercie malgré ces quelques défauts.

Je serai toujours impressionné par le travail des samuraïs de l'anatomie dessinée que sont Toth ou Paul Cuvelier, Robert McGinnis, Raymond Poïvet (cool site), Jean-Claude Forest (qui écrivait encore mieux qu'il ne dessinait), ou même René Follet et Paul Gillon (avant qu'il ne soit aussi violemment désservi par les couleur à l'ordinateur). Il n'y a pas que ces dessinateurs réalistes qui m'impressionnent, (il y a la catégorie Sempé, Ronald Searle, Ludwig Bemelmans (allez voir son fabuleux "Hotel splendide"), Miroslav Sasek, Jules Feiffer, Gus Bofa, Quentin Blake, Noel Sickles, MAAAAAN ! ... et on peut passer une vie à en découvrir d'autres (Russell Patterson ??!!!????!!!???) mais c'est une autre histoire.

J'veux dire, dans les années '30-'40, n'importe quel dessin (rarement signé) trouvé dans n'importe quel magazine vaut de l'or. Aujourd'hui, c'est pas moins bien, mais je trouve que ça n'a pas souvent le même niveau de draughtsmanship (c'est pas ce qu'on cherche non plus). Allez voir le site de mon ami Paul Giambarba : 100 years of illustration, dans lequel il répertorie des maîtres du dessin (il a eu l'étourderie de me mettre dans le tas, c'est un peu intimidant). Ce monsieur a fait les designs d'emballage de Polaroid de 1957 à 1977, il fait aujourd'hui des aquarelles absolument superbes.

Je me demande pourquoi il n'y a plus de dessinateurs réalistes de cette trempe, avec ce niveau de raffinement. Maintenant, je pense qu'on n'a juste plus le temps pour développer un coup de crayon/pinceau de cette classe. Aujourd'hui, on marche exclusivement à la stamina. Il y a aussi que pour eux, le dessin était un métier comme les autres. Aujourd'hui, on peut avoir l'impression d'être une nuisance dans la société, quand on fait nos petits dessins, tandis qu'à l'époque, les journeaux et magazines donnaient du boulot à profusion à ces artistes. Ça sert strictement à rien de se lamenter que c'était donc ben mieux avant, par contre. Je vais laisser ça à Seth et Richard Langlois. Les choses ont changé, on va essayer de faire de notre mieux dans le contexte, mais ces bonhommes demeurent une belle source d'inspiration (pas dans le sens qu'on va copier dessus, mais dans le sens qu'on va essayer fort fort d'atteindre leur cheville avant de mourir).

hasta !

J

Wednesday, September 13, 2006

HELP

J'ai jamais vraiment pris de drogue, mais quand mes amis me décrivaient la musique entendue "sous-influence", j'trouvais que ça ressemblait pas mal à ce que j'éprouvais en écoutant de la musique quand je dessine.

Il y a quelques disques qui m'ont aidé à passer à travers le sprint de fou dont je sors en ce moment pour la réédition de Quelques pelures.

THE ROOTS - Game Theory

Bon à en saigner des yeux.
8/10







PET SHOP BOYS - Fundamental

J'sais pas pourquoi les Pet Shop Boys sont ignorés de même. Leur dernier est un joyau de rage politique présentée avec leur trademark de stoïcité, de pince-sans-rire et d'exubérance disco. Quand on entend les choeurs angélique chanter tout-à-fait sérieusement "SUN, SEX, SIN, DEATH & DESTRUCTION", dans le bridge flamboyant de "The Sodom & Gommorah Show", c'est assez dur de résister. Leur pognage de nerfs au sujet de l'amitié Bush/Blair : "I'm With Stupid", est aussi hilarante qu'inquiétante. Tennant & Lowe posent toujours comme de grands artistes contemporains semi-loufoques, ils sont esthètes ultra-sensibles, fascinés par l'ennui, mélodistes, arrangeurs et producteurs de talent. Il ne faut pas oublier qu'il ont eu le goût impeccable de sortir Dusty Springfield de l'oubli en 1987, alors que les revivals fin de siècle n'allaient pas commencer avant dix ans (sauf pour un autre miracle de cette époque : Paul's Boutique). Le plus chouette, c'est que leur musique cache sa grande intelligence sous une couche de la musique la moins respectée au monde : le dance. Je les détestais quand j'avais 10-11 ans, mais aujourd'hui... COME OOOON !!! What's not to like ?
7/10

BEN LEE - Breathing Tornados

Bon, je triche, ce disque m'a surtout aidé (mais VRAIMENT AIDÉ) à finir Le moral des troupes, en 2004. Je sais pas ce qu'il a, il est magique. Très intimiste, pop, créatif, dynamique, galvanisant et apaisant à la fois. Et somptueusement naïf. Lee semble assez seul sur ce disque, il n'y a que sa voix (très belle là-dessus), les machines (très dépouillées) et de la guitare. Ça a un petit côté groupe cheap post-new-wave des années '80 qu'on était fier d'avoir découvert en vinyle importé, ce qui rend la musique parfaitement intemporelle, comme si on la connaissait depuis toujours ou si on l'avait déjà entendue en rêve. Il est paru en 1999, et sa pochette est de très loin la plus laide qu'il y a chez moi. Pour l'histoire, Lee a commencé sa carrière à peine post-pubère sur l'étiquette "Grand Royal". Son groupe punkeux de l'époque, Noise Addict est vraiment chouette et son premier disque solo "Grandpaw Would" (enregistré alors qu'il avait 14-15 ans en 1995) est un classique indéboulonnable que j'ai écouté des gabbazajilojillions de fois avec plaisir. J'ai cru remarquer qu'une de ses tounes passe souvent (avec plus d'un an de retard) à la radio commerciale ces temps-ci ("Catch My Disease"). Je suis vraiment content pour lui.
9,25/10

THE SMITHS - discographie

Oui, je fais partie de ceux qui ont eu la vie sauvée par les Smiths dans les années '80. Si ce n'était d'eux, je pense que le taux de suicide mondial aurait été doublé pendant cette décennie de la médiocrité. Bon, quand je pense aux années '80, je vois tout de suite des puits sans fin de corps mutilés par la torture, à moitié coulés dans le béton, lentement dévorés par des sangsues et tenus vivants par des implants en mélamine (avec des cheveux en pain sur la tête et des épaulettes)... et j'entends Michael Bolton, au loin... mais ça n'a pas été mieux par la suite, en fait. C'est une question de génération. Ceux qui, comme moi, ont été adolescents dans les années '80 se sont sentis libérés au début des anées '90 parce qu'ils ont arrêté de subir leur vie et ont pu en faire ce qu'ils voulaient en quittant le foyer familial et l'enfer de l'école secondaire (uuuurgh !). C'est pas la faute de la décennie mais de l'adolescence... Bush/Blair/Harper ne sont certainement pas mieux que Thatcher/Reagan/Trudeau/Mulroney. Et The Bachelor/Extreme Makeover est il mieux que Family Ties/Moonlighting ? Brrr ! De l'air, de l'air ! Au moins, aujourd'hui, on a encore les disques des Smiths pour nous sauver la vie. En plus ils sont pas chers.
9,75/10

CURVE - Cuckoo/Come Clean

Le monde qui découvre Curve sur le tard comparent toujours ça à Garbage. À ceux-ci je répondrais : Grabage est à Curve ce que les New Kids on the Block sont aux Beach Boys. Il y a chez eux toute une dimension abstraite et trouble qu'on ne retrouve pas chez Garbage. Leur mish-mash electro-trash-pop éthéré est plus sale, moins fait pour plaire. Ils ont ce petit quelque chose de plus, que j'appellerais pas vraiment du génie, mais de la justesse. Le problème, c'est que ceux qui ont copié sur eux ont terni l'image du genre, et ça peut sonner un peu quétaine à cause de ces copieurs. C'est arrivé à Lewis Trondheim, The Chemical Brothers et Quentin Tarantino, par exemple, mais faut pas pénaliser les artistes parce qu'ils sont pompés. J'ai une passe Curve une fois par année au moins. Quand il faut que ça opère, y'a pas beaucoup mieux. "Unreadable Communication" est la pièce qui me les a fait aimer pour toujours, et on ne se lasse pas de "Dirty High", "Beyond Reach", "Men Are From mars, Women Are From Venus", "Crystal", "Chinese Buirn", "Recovery", "Missing Link".... Ah oui ! Et la voix de Toni Halliday, c'est de la pornographie.
8/10

Friday, August 11, 2006

levure au pair



Y'a vraiment de la bonne musique, ces temps-ci. Y'a pas si longtemps, les mélodies honnêtes, riches et luxuriantes était le terrain de jeu des produits pompiers et racoleurs qui passent sur les radios FM. Maintenant, les musiciens intelligents et créatifs sont décomplexés du pop. Jeunes, ils ont écouté du Joy Division, du Elton John, du Public Enemy, du Metallica et du Motown, aujourd'hui, ils ont assimilé tout ça et ils poussent dans de nouvelles directions.

J'aime la simplicité du pop, son équilibre entre la créativité et le respect des structures classiques, sa sensibilité directe, son ouverture. C'est drôle, le monde pense que je suis super-élitiste. J'sais pas pourquoi, c'est probablement à cause de toutes les fois où les journalistes m'ont mal cités en entrevue. Mais come on ! Entre Arthur H et Claude François, je choisirais Claude François n'importe quand ! D'un autre côté, si on me donne le choix entre Jean Van Hamme et Géraldine Kosiak, j'hésiterai pas deux secondes à flusher Van Hamme.

Pour la fête de mon père, dernièrement, j'ai fait plaisir à l'ex-DJ en moi, j'ai fait une compilation. C'est une espèce de tradition entre nous. Ses goûts ne sont pas compliqués à cerner, j'ai juste à mettre ce que j'écoute en ce moment, il devrait apprécier. Grâce à itunes, c'est aujourd'hui pas mal plus simple de faire ça que quand on faisait des cassettes dans les années '80-'90. Je recommençais souvent un mixtape parce que je voulais inverser deux pièces pour obtenir une meilleure progression (misère...).

Cliquez sur les images ci-dessous pour obtenir les traklistings. Vous pouvez vous amuser à les reconstituer, c'est vraiment deux CD formidables ! Les écouter aide à vivre.

Alors voici :

LEVURE AU PAIR, volume 1 & 2


Rocky Votolato - Makers : Un chef d'oeuvre qui brille comme un grand jamboree de soleils. En chantant une seule note, ce Rocky-ci envoie tout de suite au tapis l'autre avec les sequels idiots.

Guillemots - Trains To Brazil : Sans doute ma découverte récente la plus réjouissante. Cette pièce met toute la gomme, dans la tradition d'hommage à Motown à la Modern love, de Bowie. Ici, le clip.

The Most Serene republic - Where Cedar Nouns And Adverbs Walk : Je pense que le label torontois Arts & Craft a pour moi autant d'importance aujourd'hui que Warp en a eu dans les années '90. Ce qui se dégage de leurs disques, c'est que l'amitié, la déconnure, la sensibilté et la créativité semblent immensément plus importantes à leurs yeux que l'exhibition de la virtuosité. Position à laquelle j'adhère totalement. Cette track-là en particulier, c'est un feu d'artifice.

Jason Collett - We All lose One Another : Une des têtes pensantes du formidable supergroupe Broken Social Scene. Sur ce projet solo, on voit qu'il a écouté du Dylan. Le mantra final de cette pièce est aussi juste que triste. Mais déprimant ? Non.

John Vanderslice - Exodus Damage : Au niveau des paroles, Vanderslice n'a absolument pas son pareil. Ses chansons racontent des histoires assez cracquepottes.

Death Cab For Cutie - Christmas (Baby Please Come Home) : Un peu en retard pour le noël du campeur, mais c'est pas grave. C'est une des rares chansons de noël non-écrites par Brian Wilson que j'aime. Ça faisait des années que je cherchais c'est quoi. Et c'est qui qui a fait une reprise et et a mis un terme à ma quête ? Death Cab For Cutie ! Oui messieu !

The Divine Comedy - Births, Deaths and Marriages : La meilleure pièce du nouveau Divine Comedy n'est pas dessus ! C'est le B-Side de Diva lady ! Je m'identifie beaucoup aux paroles, au début.

Ben Lee - Float On : Un jour, j'aurai une attitude aussi positive que Ben Lee. Un jour...

Mojave 3 - Breaking the Ice : Le nouveau Mojave 3 est assez chouette. Je m'ennuie de la production idéale de Mark Van Hoen, mais bon... Ils n'ont pas sonné aussi éveillés depuis leur demo des Pumpkin Fairies en 1989.

The Format
- Pick Me Up : En citant Green Isaac de Prefab Sprout de même, c'est clair que The Format peut compter sur moi pour faire partie de leur fan club. La pochette du disque est trop belle, en plus.

The Twilight Singers - Feathers : Greg Dulli mérite une bonne partie de la hype qui l'entoure. Sa manière de chanter peut me taper sur les nerfs, mais des progressions lyriques vertigineuses comme celles-çi lui achètent une place dans mon coeur.

Pet Shop Boys - Flamboyant : J'oublie parfois l'existence des Pet Shop Boys. J'ai tort. Ils sont capables de choses exquises.

LCD Soundsystem - Losing My Edge : Bijou d'auto-dérision. L'abus caricatural de name-dropping me fait mourir de rire. Le pire, c'est que je me reconnais au boutte là-dedans :"Ouaaaaiiis, moi j'écoutais du Merzbow pendant que tu trippais sur Debbie Gibson en 1989, p'tit con ! Ha ! Ha ! Ha !..." Le défi, c'est d'écouter la toune au complet sans monter debout sur sa table de travail et se mettre à sauter comme un fou.

The Postal Service - Against All Odds : Oui, c'est la track de Phil Collins, mais sans le côté bénêt de l'interprétation originale. C'est finalement une excellenet chanson. Qui l'eût cru ?

Massive Attack - Live With Me : En '91 - '92, une poignée de disques ont changé ma vie, m'apprenant à apprécier autre chose que du bruit. Frequencies, d'LFO; Foxbase Alpha, de St-Etienne; Praise, d'Inner City; Screamadelica, de Primal Scream; l'album éponyme d'Orbital (jaune); et le Goliathesque Blue Lines, de Massive Attack. les ti-gars ont l'air en forme. Ça augure bien pour le prochain album.

TV On The Radio - Wolf Like Me : J'sais pas combien de bands ont tenté la fusion gospell-punk-noise, mais eux autres, ça a marché, leur affaire.

Primal Scream - Suicide Sally & Johnny Guitar : Bang ! Primal Scream a réussi avec Riot City Blues ce qu'ils avaient essayé avec Give Out But Don't Give Up : faire un excellent disque de rock n'roll traditionnel.

Le reste est merveilleux aussi, mais j'ai rien de spécial à dire dessus.

J

Tuesday, August 08, 2006

PREFAB SPROUT : Swoon


Quand les premières notes de ce disque jouent dans mon atelier, je sais que je vais bien travailler, et que je vais être efficace. Je l'ai acheté en 1994, à New York (ça ajoute rien de préciser l'endroit où je l'ai acheté, mais c'est un beau souvenir). Mon ami Jean-Pierre me les avait fait découvrir quelques mois avant. Je n'ai pas été immédiatement séduit par l'univers musical de Paddy McAlloon, qui n'a rien de racoleur, mais après quelques écoutes, je suis tombé la tête la première et pour toujours dans cette talle de chansons, fasciné par les contructions méticuleuses, les arrangements déstabilisants, les mélodies luxuriantes, le lyrisme dans les juxtapositions inusitées et la production aventureuse (de Thomas Dolby)... Cette musique a pris une place immense dans ma vie, si bien que les citations au début du Moral des troupes et de Ma voisine en maillot sont tirées de chansons de Prefab Sprout. À certaines oreilles, ça sonne comme du pop guimauve de matante à saveur jazz fusion eighties complètement insignifiant, à d'autres, ça sonne comme du pop savant, sensible et ambitieux. J'ai jamais compris pourquoi, mais à ce jour, j'ai rencontré très peu d'autres fans des Sprout. Une chose me rassure, les rares initiés que je connais sont tous musiciens ou DJs. C'est bien, parce que ça donne l'impression que cette musique appartient aux vrais obsédés musicaux, ceux avec la gourmandise insatiable. Paru en 1984, Swoon est le premier album des Sprout. C'est le disque d'un groupe tout jeune, bourré d'idées et de stamina, mais qui n'a pas encore atteint la gracieuse maturité qui lui fera écrire les albums classiques qui suivront (Steeve McQueen, Protest Songs, Jordan: The Comeback). Cette maturation inachevée n'est cependant pas pour me déplaire, ça donne un disque de petits baveux. Esthétiquement, il est assez difficile. Avant, je l'écoutais quand j'avais pas vraiment envie d'écouter de la musique prenante, mais après quelques années, j'ai commencé à percer son mystèreé et à mieux comprendre sa chaleur. Il n'y a pas vraiment de pièce dont l'écoute est confortable à la première écoute. Les structures ont quelque chose de brouillé, les mélodies sont angulaires, les phrasés anti-musicaux. L'intro de I Could'nt Bear To Be Special est particulièrement cruelle pour les oreilles pantouflardes, avec ses Bôôô... Bô-Bîîîî... et la voix criarde du jeune Paddy (et il sont essayé d,en faire un single... misère...), mais l'amertume a le même effet dans cette musique que dans une excellente bière (détail amusant pour amateurs de bonne bière : ils viennent de Newcastle). Avec ma description, Swoon peut avoir l'air, à tort, d'une ride assez cérébrale, mais c'est pourtant une corne d'abondance de grooves sautillants qui m'ont inspiré pas mal de danses idiotes et d'air guitar dont je devrais avoir honte... Ce disque est parfaitement au centre du spectre de mes goûts musicaux, juste entre Sonic Youth et Burt Bacharach. Depuis la découverte de ce groupe, il y a 12 ans (merci encore, J.P.), je suis rarement tombé sur une trouvaille aussi rassasiante.

(j'ai cherché des vidéos sur YouTube, mais manifestement, Prefab Sprout gagnent plus à être entendus que vus... mettons qu'ils ne sont pas très bien servis par l'image... Îkh ! à la rigueur, le clip de Dublin se toffe, mais les autres... ailloille !)

9,75/10

Wednesday, July 26, 2006

THE GO! TEAM: Thunder, Lightning, Strike


Je sais pas si j'ai suffisamment entendu de disques parus en 2005 pour clamer "album de l'année" avec la moindre crédibilité, mais celui-ci (ex-aquo avec l'album éponyme de Broken Social Scene) est certainement le meilleur que j'ai eu la chance d'écouter (dix mille fois). J'aime penser que si j'avais continué à faire de la musique (j'ai arrêté en 1999), ce que je ferais aujourd'hui ressemblerait à ça. Plus réalistement, je pense que le les copierais gouluement. Difficile de dire où finissent les samples et où commencent les instruments joués. Toutes les pistes se bavent salement les unes sur les autres à travers les déferlentes de drums (il y a 2 drummers + les loops, ils sonnent comme s'ils étaient 60), les deux (?) chanteuses live ensevelies dans le mix et les samples de gamins des années 1970 qui ont l'air de repousser des invasions extraterrestres en faisant du break dance. J'veux dire... ça sonne crotté rare ! Le résultat a parfois le chien des premiers Jackson Five, parfois l'hystérie du thème de Hawaii 5-0, et la créativité de... non... j'sais pas qui.... mettons Beck pour rester dans les références pas trop obscures. Normalement, le genre de trucs hyper-référentiels comme ça (Moby, Fatboy Slim, par exemple), ça me tape sur les nerfs. J'suis tanné des références ironiques à la culture populaire du passé, ça me sort par le nez pis les oreilles, c'est vraiment plus drôle. Le postmodernisme fin de siècle aurait dû mourir le premier janvier 2000. Mais cette gang là sait être ludique en gardant son coeur à la bonne place. S'ils travaillent avec des échantillonnages, c'est pas juste tongue in cheek, ils le traitent avec respect, comme un trésor à sauver de l'oubli. Bien placée dans un set de DJ, je suis sûr que Huddle Formation (l'avant dernière pièce du disque) peut tirer des larmes. Si on arrivait à transformer en électricité l'énergie qui émane de ce disque, ça pourrait alimenter la planète jusqu'à la fin des temps. Y'en aurait plus, de problême...

C'est pas super ragoûtant, mais il y a le clip de Ladyflash : ici.

9,25/10

Monday, July 24, 2006

NEW X-MEN, de Grant Morrisson & ASTONISHING X-MEN, de Joss Whedon (Marvel)


Le pompiérisme est quelque chose qui m'irrite au plus haut point. Peut-être parce que je trouve l'être humain trop minable pour prétendre à une quelconque grandeur, peut-être parce que ce n'est tout simplement pas ma tasse de thé. Mais je sais pas pourquoi, dans le contexte de comics de super-héros, je suis capable d'en prendre.

J'ai lu des comics de super-héros de ma tendre enfance jusqu'au début des années '90. Je n'ai pas arrêté parce que je suis devenu mature et que je me suis désintéressé à ces calembredaines, mais parce qu'à ce moment, les comics mainstream se sont tous donnés le mot pour devenir assez merdiques. L'influence de Rob Liefeld, Jim Lee et Todd McFarlane est venu tout polluer, c'est devenu le royaume quasi-exclusif de la poudre aux yeux et du spectaculaire cheap. Les filles, qui prenaient dans toutes les cases des poses sleazy en zigzag, avaient l'air faites en aluminium. Les hommes avaient toujours des grimaces de rage figées dans face et une musculature grotesque. La violence a monté de plusieurs crans et la crédibilité des personnages (même dans la logique permissive des univers super-héroïstiques) s'est complètement fait flusher. Et je passerai sur les mises-en-pages inutilement criardes et illisibles. Il n'y avait plus vraiment de numéros sans action, sans un nouveau personnage couvert de fusils ou avec plein de dents, etc. D'un ennui mortel. L'industrie a payé le prix de son racolage, de sa pensée à court terme et de son irrespect pour l'intelligence des lecteurs, elle s'est carrément effondrée.

J'ai quand même continué à fréquenter les comics shops pour acheter exclusivement des projets de l'équipe de Bruce Timm (Batman adventures, etc.), qui a ramené un peu de fun et d'élégance dans le monde des super-héros pendant cette période. Autour de 2000, j'entendais souvent parler que la situation s'était radicalement améliorée chez Marvel et DC, que les éditeurs avaient de nouveau compris l'importance d'engager de bons scénaristes et de les traiter comme un peu mieux que du bétail. Mais on m'avait trahi, jadis, et je n'avais pas vraiment envie de replonger dans le gouffre financier que représente un intérêt pour les super-héros.

C'est Fabrice Neaud qui m'a remis le nez dedans. Lors de mon séjour en France en 2004, il m'a beaucoup parlé du travail de Grant Morrisson sur X-Men (New X-Men 142 à 154). J'étais sceptique, mais comme j'ai été très attaché à cette galerie de personnages par le passé, ça a quand même piqué ma curiosité. Il m'a donc prêté la pile de comics en traduction française. J'ai tout lu en un temps record. Scénaristiquement, c'est un sommet. Morrisson a une écriture très savante. Il maîtrise l'art de l'ellipse, et joue avec la "tourne" ("punch" placé au moment de tourner la page) avec une maestria qui décroche la mâchoire. Son histoire est flamboyante, mordante, et socialement hyper-lucide. Il n'ésite pas à foutre par terre des piliers icôniques de la série. Sa manière d'être iconoclaste demeure toutefois très respectueuse du matériel qu'on lui a confié (contrairement à plusieurs adaptations cinématographique, notamment le pitoyable Fantastic Four). Heureusement, la run de Morrisson a été reprise en sept trade paperbacks, assez faciles à trouver. Et je pense que même avec une connaissance très minimale de la X-mythoiogie, on peut apprécier pleinement son travail. E is for Evolution est une mise en situation comme une bonne claque dans la face, ensuite, de volume en volume, Morrisson mets délicatement en place tous les éléments qui convergeront dans l'explosion de Planet X, apogée de toutes les apogées (note : Marvel a par la suite bousillé cette histoire en ressuscitant du monde avec des histoires pénibles de substitutions de personnages, mais bon...). Here comes tomorrow est un épilogue un peu superflu, mais quand même intéressant. Pour plus d'un, la chronologie des X-Men est désormais séparée en pré-Morrisson et post-Morrisson.

New X-Men
1) E is for extinction 9/10
2) Imperial 8,5/10
3) New Worlds 7,75/10
4) Riot at Xavier's 8,25/10
5) Assault on weapon plus 7,75/10
6) Planet X 9/10
7) Here comes tommorrow 7/10

Évidemment, quand on fait l'expérience d'un travail aussi fort, on peut croire qu'on va retrouver un plaisir de lecture semblable avec d'autres histoires. Et on n'a pas tout-à-fait tort. L'ère Morrisson a substantiellement relevé la barre de qualité chez Marvel. Sur X-Men, le flambeau a été repris par mon idole : Joss Whedon (Firefly, Buffy & Angel, si vous avez des préjugés sur ces séries télé, vous avez tort), qui fait un boulot plus qu'admirable (Astonishing X-Men 1 à 18), en maintenant la tension et la narration elliptique qu'on retrouvait chez Morrisson, mais en ajoutant son sens de l'humour plus... disons chaleureux. Il a été tenu par l'éditeur de ramener les costumes en spandex que Morrisson avait judicieusement supprimé, mais il l'a fait avec intelligence, et on fait vite le deuil des costumes Matrix de la run précédente.

Astonishing X-Men
1) Gifted 8,75/10
2) Dangerous 7,75/10
3) Torn (à paraître) N/A

J'ai aussi essayé les Ultimates de Mark Millar et Brian Hitch (trois paperbacks à date), dernièrement. J'ai aimé ça, mais je ne me sentais pas autant à ma place dans ce monde de super-héros militaires, populaires, backés par le gouvernement américain. Je suis plus sensible à la marginalité relative des X-Men. De plus, je n'ai pas digéré une certaine blague sur la France, mais c'est néanmoins très, TRÈS habilement écrit et construit. Les personnages sont loin d'être botchés, et les situations peuvent être assez inusitées. Et Bryan Hitch, le dessinateur, a une technique de cadrage et de profondeur de champ qui me laisse pantois. C'est drôle, parce que Hitch a commencé comme une tentative de clône d'Alan Davis sans grand intérêt, mais il a connu une évolution fulgurante depuis. L'adaptation en dessin animé (Ultimate Avengers: The movie) est une abomination, qui enlève tout ce qu'il y a d'intéressant (dont le sous-texte politique) parce que ça s'adresse à un public plus jeune, tout en conservant un degré de violence assez intense. Donc, selon les gens derrière ce film, les enfants sont trop idiots pour apprécier une écriture riche, mais assez matures pour voir du monde se faire zigouiller à tout bout de champ ? Pas glop.

The Ultimates
1) Super-Human 7/10
2) Homeland security 6,75/10
The Ultimates 2
1) Gods & Monsters 7,25/10
2) (à paraître) N/A

Je n'ai pas une position sur les super-héros aussi acide que celle de Daniel Clowes ou de Chris Ware. Je comprends leur fascination/aversion, mais pour moi, ce n'est pas qu'affaire de fantasmes de petits graçons qui ne peuvent faire l'expérience de la virilité et du pouvoir que par procuration. Et même si c'était le cas, je ne vois pas là matière à ricanements. Et bien sûr, je suis conscient des effets dégueulasses de la survalorisation de l'héroïsme galvanisant, des sentiments supposément nobles, du self-righteousness de meeeeeerde, de la stupide dichotomie bons/méchants (de l'existence même de "méchants", parce que tout le monde a ses raisons), du courage, du dépassement de soi, de la banalisation de la violence, et de tout l'endoctrinement militariste de droite qui peut se cacher sous ces douillettes couvertures, mais plusieurs auteurs actuels semblent aussi conscients de ces problêmes, et ils jouent avec, les interrogent. Comme j'ai connu assez tôt ces histoires de surhommes illusoires en collants colorés qui sauvent le monde, je ne les trouve pas automatiquement ridicules. Je suis assez bon public pour ces soap operas oniriques. Comme c'est le cas pour Buffy et Angel, les scènes de combats m'indiffèrent un peu, en fait, elles m'intéressent beaucoup sur le plan abstrait, chorégraphique, formel, symbolique, mais le surge d'adrénaline que procure la bastonnade n'est pas ce que je recherche en priorité, alors que pour certains, ça semble être l'intérêt principal, étrangement. Pour moi, les monstres et les conflits sont surtout là pour soutenir le souffle opératique de ces séries sans fin (procédé narratif cher à mon autre idole : Jean-Claude Forest, malgré son exploitation mercantile perverse). L'intrigue, pour moi, n'est rien de plus que la carotte qui fait avancer l'âne sur le chemin. Le vrai intérêt (le chemin lui-même) se situe plutôt du côté de la FORME, des ambiances, de la profondeur des lieux représentés, des personnages et des relations entre ceux-çi. Je sais pas, pour moi, imaginer quelqu'un voler, ou qui a eu tellement mal dans la vie qu'il ne peut recouvrer sa dignité qu'en endossant un costume grotesque et en se baladant la nuit sur les toits d'une mégalopole décadente, je trouve ça poétique, et pas si quétaine. Et je suis suffisamment fasciné par la représentation du corps humain pour apprécier le spandex, et en plus, c'est chouette à dessiner. J'imagine assez bien Cocteau raconter une histoire de super-héros. Sans parodie, bien sûr.

J

Tuesday, July 18, 2006

TOM TOM CLUB: Tom Tom Club


Il y a vraiment TRÈS longtemps, j'ai vu le video clip de "The genius of love", du Tom Tom Club. J'avais beaucoup aimé cette pièce minimale à l'humour tongue in cheek, décalé, avec ses hooks impitoyables et sa structure inusitée. La chanson m'est restée en tête pendant plus de 20 ans avant que je ne la ré-entende. Je me doutais vaguement qu'il s'agissait du Tom Tom Club vu que la pochette et le clip sont clairement liés, visuellement, mais je n'avais jamais pu acheter le disque pour vérifier (c'était bien avant internet--oui, je suis un pépère...). L'an dernier, j'ai découvert les Talking heads. Je n'arrive pas à croire que j'ai attendu 30 ans pour plonger dans l'oeuvre de ce groupe qui a pas mal tout pour me plaire. Je connaissais les hits comme tout le monde ("Once in a lifetime" aura probablement toujours une place dans mon coeur), mais j'avais un peu le vertige quand je regardais leur abondante discographie. Le plus beau trésor que j'ai trouvé au fil de ces fouilles est l'album éponyme de Tom Tom Club (1982), un side-project du batteur et de la bassiste, membres fondateurs (avec David Byrne) de Talking Heads. J'ai eu le grand plaisir d'y retrouver cette pièce qui m'a joyeusement hanté pendant des années. C'est vraiment le disque à mettre quand j'ai besoin de retrouver un certain dynamisme (avec la chaleur qui nous écrase ces temps-çi, c'est fréquent). Ça inonde à coup sûr mon atelier de soleil et de fraîcheur. Un disque dont chaque pièce est un classique, un de ceux dont les légions de Beck wannabes de ce monde rêveront encore de faire dans 20 ans. Le Tom Tom Club est essentiellement un projet de section rythmique, il l'assume et c'est dans le groove qu'il prend tout son sens (avec tout un panache). Aujourd'hui, j'ai retrouvé le clip de "The genius of love" sur "You tube". Cooool ! Le clip, toujours superbe, n'a pris que quelques très gracieuses rides : Cliquez ici pour le clip .

http://www.tomtomclub.net/

9,25/10

Wednesday, July 12, 2006

LE RAYON MYSTÉRIEUX, d'Alain St-Ogan (CNBDI)



Ça faisait longtemps que je l'avais, mais je ne l'avais pas encore lu. J'ai été étonné par la modernité relative de cette histoire de science-fiction de 1937-1939. L'humour narquois et les ambiances aussi sombres et enveloppantes sont des choses rares dans ce type de bande dessinée, habituellement plutôt goody-two-shoes. Le petit format (à la Ciboulette, mais 50 ans avant) et la bichromie fonctionnent vraiment bien, à se demander pourquoi ce n'est pas devenu un format traditionnel, tellement son efficactité est évidente. Vraiment surprenant. Et le dessin est somptueux, on n'est pas loin de Gus Bofa.

6,5/10

VLADIMIR SUR LES TOITS, de Gwen de Bonneval et Nicolas Hubesch (Milan)


J'adore la collection "Capsule cosmique", chez Milan. Ce récent ajoût est très réussi. Ça raconte les promenades d'un petit garçon sur les toits de sa ville et les rencontres absurdes qu'il y fait. Avec une prémisse aussi poétique, difficile de rater son coup. À offrir à un enfant qui a déjà tous les Ariol (à acheter en priorité, quand même).

6/10

LA MUSE RÉCURSIVE (tome 1), de David Turgeon (Fichtre !)



Pour moi, c'est un grand coup de pied dans le cul ! Il met la barre très haut pour ce qu'on pourra faire par la suite comme bande dessinée, au Québec. Non, je ne parle pas à travers mon chapeau. Au niveau de l'écriture, ce livre a une portée très importante. David ouvre pas mal de portes, et ceux parmi nous (les auteurs au Québec) qui restent sur le seuil à se décrotter le nez en attendant de devenir millionnaires vont trouver le temps long. Après ce livre, on ne peut plus être indulgents envers ce qu'on fait comme on l'a été jusqu'ici. Enfin, y'a certainement du monde qui va pas être d'accord avec moi, et tant pis pour vous, moi ça me réjouit toujours de me sentir obligé de m'améliorer parce qu'un copain a fait un livre meilleur que les miens (un besoin à l'origine du projet mécanique générale). Pour parler du livre en soi, disons que David a une manière bien à lui de raconter. La muse récursive est une histoire dans laquelle on ne s'installe pas, on y dégringole. Les personages ont toujours l'air plus ou moins conscients de leur nature factice. Ça se lit sur plusieurs degrés, sans que ça fasse fendant (comme c'est trop le cas dans mes livres). Le dessin, lui, est une bonne leçon de sain culot (c'est même assez baveux, par bouttes). Difficile de cerner ses influences. Un regard superficiel fera des rapprochements avec Sfar, mais il se ravisera très rapidement. Côté écriture, c'est assez "out there" aussi, nonchalent et complexe. Le seul problème que j'ai rencontré à la lecture, c'est qu'à un certain point, j'étais vraiment perdu dans la constellation de personnages, ce qui a probablement plus à voir avec mon "attention span" déficient d'écouteux de tévé qu'avec une maladresse de l'auteur. Autre petit défaut pour le lecteur que je suis, j'aurais largement préféré avoir les 300 pages d'un coup, plutôt qu'en trois tranches. Mais bon...

8/10

OVER THE HEDGE, de Dreamworks, genre



J'ai déjà complètement oublié le film, mais il y a quelques nouvelles chansons de Ben Folds dedans, ce qui était toute une surprise pour nous ! Il fait même une reprise des Clash, yessir ! Ça vaut largement le prix du tickette.

4,5/10

THE SQUID & THE WHALE, de Noah Baumbach



Un film d'horreur absolument ébouriffant. Ceux qui ont connu des situations similaires (parents qui divorcent, qui font de leur mieux mais qui restent humains, trop humains) comprendront. Un film d'une rare justesse, solide, magnifique, très riche, et très précieux.

8,5/10

METAL: A HEADBANGER'S JOURNEY, de Sam Dunn


L'esthétique médiévale/celtique/dongeon & dragons/mottés/cheveux longs/épées/guitares pointues/exhibition de virtuosité me plait à peu près autant qu'une infection des gencives ou un cor au pied. Et bon, je connais ma virilité, je ne ressens pas le besoin de me la re-prouver à chaque minute du jour (et quand je veux de la musique qui brasse, j'ai plus un bagage punk), mais ce documentaire est absolument fascinant. Pas de là à me faire écouter du metal (quoique j'ai du Tool, du Darkness et du Ministry à maison), mais certainement à me faire respecter un peu plus cette étrange culture, et imaginer ce que le metal peut atteindre et/ou générer, musicalement. Et les liens qui unissent la communauté des fans, me rappelle beaucoup ceux que j'ai connu dans la période rave du tout début des années '90. Fort heureusement, l'anthropologue qui est derrière ce projet est un authentique metalead et non quelqu'un qui regarde ça avec distance, ou avec un oeil scientifique ou condescendant. Ça aurait été plate à mort.
( http://www.metalhistory.com/ )

6,5/10

THE FORECAST : In the Shadow of Two Gunmen



J'ai acheté ce disque impulsivement, quelques heures après avoir lu une critique particulièrement emballée, et sur le coup, je l'ai un peu regretté. À la première écoute, j'ai trouvé ça très, TRÈS bon dans le genre, mais le genre en question, ça ressemble douloureusement au pseudo-punk-lobotomisé-fm-propret-de-rebellion-de-débés-gâtés-de-banlieue à la Green Day que les enfants de 4 ans écoutent de nos jours. Ma copine a dit : "on dirait la musique qui joue avant les films au cinéma". On est pas loin d'Avril Lavigne, stylistiquement. Mais une fois le petit malaise narcissique passé, je me suis laissé découvrir cet heureux amalgame de pop, de country et de punk, assez différent de la sauce créée par Uncle Tupelo avec des éléments similaires il y a 15 ans. De la musique très simple, directe et honnête (l'honnêteté est particulièrement prenante quand c'est la fille qui chante), et franchement, après quelques écoutes, ça devient irrésistible. Ce qu'ils font avec les harmonies de voix devient parfois assez vertigineux (toujours dans une échelle très humble), je les entends, dans le studio, dire : "Combien ça en prend, des tracks de vocal pour faire dresser droits comme des i les poils de nuque de l'auditeur ? Au yâbe les dépenses !" Des fois, j'ai envie d'écouter ce disque à un point tel que ça relève presque de l'état de manque. C'est assez rare, des disque qui me font ça.

8/10

ROCKY VOTOLATO : Makers


Chaque été a besoin de son chanteur tristounet (mais pas pleurnichard) accompagné de sa seule guitare (ça peut aussi être une chanteuse). Cette anée, c'est Rocky qui s'y colle. Parfait pour écouter en traînant sur la balcon, les longues soirées d'été après un bon steak sur le barbecue. Voyez ici le très chouette clip de White Daisy Passing, qui me fait beaucoup penser à ce que j'essaie de faire en bande dessinée.
( http://www.rockyvotolato.com/ )
Un autre essentiel dans cette catégorie, c'est le classique The creek and the cradle, de Iron & Wine
( http://www.ironandwine.com/ ).

8/10

PHOENIX : It's Never Been Like That


Phoenix était pour moi un groupe "dance" (attention, "dance" français à la Zoot Woman, Air, Les Rythmes Digitales) qui a des tendances Rock'n'roll, à cause de leur premier album, qui contient les perles "If I ever feel better" et "Too young" (pour ceux pour qui la musique n'existe pas tant qu'elle n'a pas été dans un film, on entend "Too young" dans Lost in translation). Mais cette fois, ils ont fait un vrai disque de rock de char avec de discrètes touches "dance". C'est bien, parce que le vrai rock de char, ça m'énarve, mais là, c'est juste assez subtil, détaché et naïf pour être agréable à écouter. C'est du petit ersatz de rock'n'roll assez charmant, un peu fashion victim, mais qui s'écoute très bien. Un vrai bon disque d'été qui met d'bonne humeur.
( http://www.wearephoenix.com/ )

6/10

BRUNO BRAZIL, de William Vance et Louis Albert (Lombard)





J'éprouve beaucoup d'affection pour cette série de Vance et Louis Albert (mieux connu sous le nom de Greg, mais tant qu'à avoir un pseudonyme, je préfère Louis Albert). Certes, il y a un peu de Madeleine de Proust là-dessous, mais au-delà des creuses considérations nostalgiques, je la trouve assez spéciale.

Elle reflète particulièrement bien l'évolution de l'état d'esprit du monde occidental des années '60 (plus naïves) à la fin des années '70 (plus pessimistes). On commence la série avec un Bruno James Bond/Sherlock Holmes, agent secret solitaire, gentleman désinvolte. L'ambiance de la série est alors ludique et joyeuse. Gadgets, bagnoles, vêtements loufoques (ceux-çi resteront jusqu'à la fin, mais est-ce volontaire ?)... Greg ajoute bientôt à la série, sous l'influence assez claire de Mission: Impossible, une galerie de personnage secondaire qui constitieront le "Commando Caïman". Une emphase plus tragique commence à s'infiltrer dans la série. Les épisodes deviennent plus sombres, plus intenses. La mise en scène se fait plus criarde. Vers la fin de la série, on devine l'influence des films catastrophes américains comme The poseidon adventure ou The towering inferno, qui sont eux même des conséquences de la conscientisation écologique, du fiasco de la guerre du Vietnam, etc. Au tome 9, l'épisode "hard boiled", paroxystique et cathartique Quitte ou double pour Alak 6, la mission échoue, les agents secrets sont démasqués publiquement, humiliés, et zou ! On envoie la majeure partie de l'équipe se faire massacrer à la fin de l'épisode. Le tandem pondra ensuite quelques histoires courtes avec le noyau survivant (Brazil et Gaucho Morales), en plus d'une aventure inachevée, tentative un rien forcée de consituer un nouveau "Commando Caïman", mais leur intérêt pour cette série semble alors éventé.

Greg écrit très bien. La qualité n'est pas selon moi dans CE qu'il écrit, mais bien dans sa manière de l'écrire. Au niveau des ambiances de fin du monde, Greg est un maître, comme il l'a démontré avec panache dans ses séries avec Hermann : "Comanche" et "Bernard Prince". Mais ce qui m'intéresse le plus chez lui, c'est le mordant-gourmand de la musicalité de son écriture, dont font foi ses titres qui claquent. Une série qui comprend des titres comme Sarabande à Sacramento, Quitte ou double pour Alak 6, Le requin qui mourut deux fois, La nuit des chacals ou Commando Caïman ne peut pas être mauvaise. Les épisodes devaient être conçus dans un contexte assez frénétique. Greg, alors rédacteur en chef du journal "Tintin", écrivait un beau paquet de séries en même temps. Ce climat doit largement contribuer à l'impression d'être assis sur un rond de poêle rouge que ressent le lecteur lorsqu'il lit une série d'aventure de Greg.

Les maniérismes du Vance de l'époque sont assez charmants. On sent vraiment le petit garçon européen qui jouait au cow-boy, et qui continue à être maladivement marqué par l'imaginaire américain avec ses durs à cuire caractéristique (si bien que le dessin de Vance n'a jamais été très souple, et qu'il a gagné en raideur au fil des années). Habituellement, cet éblouissement américain est quelque chose qui m'énerve, mais là, c'est fait avec une telle candeur que c'en est boulersant. Vance aimerait être un de ces durs de durs, et ses pages semblent nous dire : "Certes, je suis dessinateur de bande dessinée, mais je ne voudrais pas avoir l'air moumoune pour autant !" (discours qui est exactement le même que celui des auteurs underground des années '90, non ?). Son travail sur la fusion de l'architecture, de la typo, de la mise en scène et de la mise en page est loin d'être inintéressant.

C'est assez comique de voir les auteurs sauter à deux pieds joints dans une manière plus artificielle de coller à leur époque : la mode. Au fil de la série, il est fascinant de suivre l'évolution du design. L'inclusion au commando d'un hippie avec une guitare-mitraillette dans Orage aux aléoutiennes et la séquence disco dans Quitte ou double pour Alak 6 sont des efforts particulièrement extrêmes. Encore là, la prédominance du design tendance est quelque chose que je trouve insupportable chez les auteurs actuels. C'est pour moi une méthode de séduction abusive qui relève de la tricherie. Un titre d'article de Truffaut m'a fait rire aux larmes, parce que je le trouvais plus juste que tout : "La mode : enthousiasme des imbéciles". Mais force m'est de constater que passée la période critique de 20 ans (pendant laquelle ces pages auront l'air bien folles) ces pollutions fashion prennent tout leur sens, historique autant qu'esthétique.

D'épisode en épisode, on sent que Greg a du mal à bien incarner tous les personnages de l'équipe. Ça lui aurait pris, je crois, quelques épisodes de plus, ou des épisodes plus longs, contenant des scènes moins centrées sur l'action, ce qui était impossible, je le reconnais, vu la prépublication hebdomadaire dans "Tintin". Ce n'est peut-être pas un hasard si les personnages qui meurent à la fin sont ceux qui étaient là au départ pour les raisons les plus superficielles --le cow-boy, le grand gamin, le p'tit frère, la pitoune... étrangement, le hippie survit (!)--, et qui n'ont jamais réussi à dépasser leur fonction première.

Somme toute, "Bruno Brazil" est pour moi une série bourrée de sens, qui dépasse de loin le plaisir coupable de la lecture de bande dessinée de genre, retro/kitsch de surcroît. Son arc dramatique global en dit très long sur les moeurs de l'époque. Mais attention, je ne propose pas une lecture parodique de cette série, je déteste le second degré méprisant et ce n'est pas ce qui motive mon appréciation et mon envie de la partager.

6/10