Friday, August 11, 2006

levure au pair



Y'a vraiment de la bonne musique, ces temps-ci. Y'a pas si longtemps, les mélodies honnêtes, riches et luxuriantes était le terrain de jeu des produits pompiers et racoleurs qui passent sur les radios FM. Maintenant, les musiciens intelligents et créatifs sont décomplexés du pop. Jeunes, ils ont écouté du Joy Division, du Elton John, du Public Enemy, du Metallica et du Motown, aujourd'hui, ils ont assimilé tout ça et ils poussent dans de nouvelles directions.

J'aime la simplicité du pop, son équilibre entre la créativité et le respect des structures classiques, sa sensibilité directe, son ouverture. C'est drôle, le monde pense que je suis super-élitiste. J'sais pas pourquoi, c'est probablement à cause de toutes les fois où les journalistes m'ont mal cités en entrevue. Mais come on ! Entre Arthur H et Claude François, je choisirais Claude François n'importe quand ! D'un autre côté, si on me donne le choix entre Jean Van Hamme et Géraldine Kosiak, j'hésiterai pas deux secondes à flusher Van Hamme.

Pour la fête de mon père, dernièrement, j'ai fait plaisir à l'ex-DJ en moi, j'ai fait une compilation. C'est une espèce de tradition entre nous. Ses goûts ne sont pas compliqués à cerner, j'ai juste à mettre ce que j'écoute en ce moment, il devrait apprécier. Grâce à itunes, c'est aujourd'hui pas mal plus simple de faire ça que quand on faisait des cassettes dans les années '80-'90. Je recommençais souvent un mixtape parce que je voulais inverser deux pièces pour obtenir une meilleure progression (misère...).

Cliquez sur les images ci-dessous pour obtenir les traklistings. Vous pouvez vous amuser à les reconstituer, c'est vraiment deux CD formidables ! Les écouter aide à vivre.

Alors voici :

LEVURE AU PAIR, volume 1 & 2


Rocky Votolato - Makers : Un chef d'oeuvre qui brille comme un grand jamboree de soleils. En chantant une seule note, ce Rocky-ci envoie tout de suite au tapis l'autre avec les sequels idiots.

Guillemots - Trains To Brazil : Sans doute ma découverte récente la plus réjouissante. Cette pièce met toute la gomme, dans la tradition d'hommage à Motown à la Modern love, de Bowie. Ici, le clip.

The Most Serene republic - Where Cedar Nouns And Adverbs Walk : Je pense que le label torontois Arts & Craft a pour moi autant d'importance aujourd'hui que Warp en a eu dans les années '90. Ce qui se dégage de leurs disques, c'est que l'amitié, la déconnure, la sensibilté et la créativité semblent immensément plus importantes à leurs yeux que l'exhibition de la virtuosité. Position à laquelle j'adhère totalement. Cette track-là en particulier, c'est un feu d'artifice.

Jason Collett - We All lose One Another : Une des têtes pensantes du formidable supergroupe Broken Social Scene. Sur ce projet solo, on voit qu'il a écouté du Dylan. Le mantra final de cette pièce est aussi juste que triste. Mais déprimant ? Non.

John Vanderslice - Exodus Damage : Au niveau des paroles, Vanderslice n'a absolument pas son pareil. Ses chansons racontent des histoires assez cracquepottes.

Death Cab For Cutie - Christmas (Baby Please Come Home) : Un peu en retard pour le noël du campeur, mais c'est pas grave. C'est une des rares chansons de noël non-écrites par Brian Wilson que j'aime. Ça faisait des années que je cherchais c'est quoi. Et c'est qui qui a fait une reprise et et a mis un terme à ma quête ? Death Cab For Cutie ! Oui messieu !

The Divine Comedy - Births, Deaths and Marriages : La meilleure pièce du nouveau Divine Comedy n'est pas dessus ! C'est le B-Side de Diva lady ! Je m'identifie beaucoup aux paroles, au début.

Ben Lee - Float On : Un jour, j'aurai une attitude aussi positive que Ben Lee. Un jour...

Mojave 3 - Breaking the Ice : Le nouveau Mojave 3 est assez chouette. Je m'ennuie de la production idéale de Mark Van Hoen, mais bon... Ils n'ont pas sonné aussi éveillés depuis leur demo des Pumpkin Fairies en 1989.

The Format
- Pick Me Up : En citant Green Isaac de Prefab Sprout de même, c'est clair que The Format peut compter sur moi pour faire partie de leur fan club. La pochette du disque est trop belle, en plus.

The Twilight Singers - Feathers : Greg Dulli mérite une bonne partie de la hype qui l'entoure. Sa manière de chanter peut me taper sur les nerfs, mais des progressions lyriques vertigineuses comme celles-çi lui achètent une place dans mon coeur.

Pet Shop Boys - Flamboyant : J'oublie parfois l'existence des Pet Shop Boys. J'ai tort. Ils sont capables de choses exquises.

LCD Soundsystem - Losing My Edge : Bijou d'auto-dérision. L'abus caricatural de name-dropping me fait mourir de rire. Le pire, c'est que je me reconnais au boutte là-dedans :"Ouaaaaiiis, moi j'écoutais du Merzbow pendant que tu trippais sur Debbie Gibson en 1989, p'tit con ! Ha ! Ha ! Ha !..." Le défi, c'est d'écouter la toune au complet sans monter debout sur sa table de travail et se mettre à sauter comme un fou.

The Postal Service - Against All Odds : Oui, c'est la track de Phil Collins, mais sans le côté bénêt de l'interprétation originale. C'est finalement une excellenet chanson. Qui l'eût cru ?

Massive Attack - Live With Me : En '91 - '92, une poignée de disques ont changé ma vie, m'apprenant à apprécier autre chose que du bruit. Frequencies, d'LFO; Foxbase Alpha, de St-Etienne; Praise, d'Inner City; Screamadelica, de Primal Scream; l'album éponyme d'Orbital (jaune); et le Goliathesque Blue Lines, de Massive Attack. les ti-gars ont l'air en forme. Ça augure bien pour le prochain album.

TV On The Radio - Wolf Like Me : J'sais pas combien de bands ont tenté la fusion gospell-punk-noise, mais eux autres, ça a marché, leur affaire.

Primal Scream - Suicide Sally & Johnny Guitar : Bang ! Primal Scream a réussi avec Riot City Blues ce qu'ils avaient essayé avec Give Out But Don't Give Up : faire un excellent disque de rock n'roll traditionnel.

Le reste est merveilleux aussi, mais j'ai rien de spécial à dire dessus.

J

Tuesday, August 08, 2006

PREFAB SPROUT : Swoon


Quand les premières notes de ce disque jouent dans mon atelier, je sais que je vais bien travailler, et que je vais être efficace. Je l'ai acheté en 1994, à New York (ça ajoute rien de préciser l'endroit où je l'ai acheté, mais c'est un beau souvenir). Mon ami Jean-Pierre me les avait fait découvrir quelques mois avant. Je n'ai pas été immédiatement séduit par l'univers musical de Paddy McAlloon, qui n'a rien de racoleur, mais après quelques écoutes, je suis tombé la tête la première et pour toujours dans cette talle de chansons, fasciné par les contructions méticuleuses, les arrangements déstabilisants, les mélodies luxuriantes, le lyrisme dans les juxtapositions inusitées et la production aventureuse (de Thomas Dolby)... Cette musique a pris une place immense dans ma vie, si bien que les citations au début du Moral des troupes et de Ma voisine en maillot sont tirées de chansons de Prefab Sprout. À certaines oreilles, ça sonne comme du pop guimauve de matante à saveur jazz fusion eighties complètement insignifiant, à d'autres, ça sonne comme du pop savant, sensible et ambitieux. J'ai jamais compris pourquoi, mais à ce jour, j'ai rencontré très peu d'autres fans des Sprout. Une chose me rassure, les rares initiés que je connais sont tous musiciens ou DJs. C'est bien, parce que ça donne l'impression que cette musique appartient aux vrais obsédés musicaux, ceux avec la gourmandise insatiable. Paru en 1984, Swoon est le premier album des Sprout. C'est le disque d'un groupe tout jeune, bourré d'idées et de stamina, mais qui n'a pas encore atteint la gracieuse maturité qui lui fera écrire les albums classiques qui suivront (Steeve McQueen, Protest Songs, Jordan: The Comeback). Cette maturation inachevée n'est cependant pas pour me déplaire, ça donne un disque de petits baveux. Esthétiquement, il est assez difficile. Avant, je l'écoutais quand j'avais pas vraiment envie d'écouter de la musique prenante, mais après quelques années, j'ai commencé à percer son mystèreé et à mieux comprendre sa chaleur. Il n'y a pas vraiment de pièce dont l'écoute est confortable à la première écoute. Les structures ont quelque chose de brouillé, les mélodies sont angulaires, les phrasés anti-musicaux. L'intro de I Could'nt Bear To Be Special est particulièrement cruelle pour les oreilles pantouflardes, avec ses Bôôô... Bô-Bîîîî... et la voix criarde du jeune Paddy (et il sont essayé d,en faire un single... misère...), mais l'amertume a le même effet dans cette musique que dans une excellente bière (détail amusant pour amateurs de bonne bière : ils viennent de Newcastle). Avec ma description, Swoon peut avoir l'air, à tort, d'une ride assez cérébrale, mais c'est pourtant une corne d'abondance de grooves sautillants qui m'ont inspiré pas mal de danses idiotes et d'air guitar dont je devrais avoir honte... Ce disque est parfaitement au centre du spectre de mes goûts musicaux, juste entre Sonic Youth et Burt Bacharach. Depuis la découverte de ce groupe, il y a 12 ans (merci encore, J.P.), je suis rarement tombé sur une trouvaille aussi rassasiante.

(j'ai cherché des vidéos sur YouTube, mais manifestement, Prefab Sprout gagnent plus à être entendus que vus... mettons qu'ils ne sont pas très bien servis par l'image... Îkh ! à la rigueur, le clip de Dublin se toffe, mais les autres... ailloille !)

9,75/10