Monday, January 26, 2009

le tour du monde


Wééééééé ! Je viens de recevoir mes exemplaires du Tour du monde en bande dessinée. C'est drôle mais ce qui me fait le plus plaisir, c'est pas de voir de mes pages dans un livres caltronné (ça je m'en fous), mais bien dans un livre COUSU (aaaaaah, là, tu parles) !

C'est pas la plus jolie couverture de l'histoire de l'imprimerie, mais c'est un bon livre, j'y suis en bonne compagnie, et l'effet «tour du monde» fonctionne très bien. C'est même assez fascinant.

Sur la couverture, on dit que je viens du Canada, et partout ailleurs (au sommaire, en C4 et sur la page de présentation), que je viens du Québec ! C'est bien, pas de chicane.

Sinon, je suis bizarrement content de mes pages. Elles sont RIDICULEMENT lourdes en mots et en sujets abordés en un si petit espace (pour le lecteur, c'est une question d'accepter ou pas le «contrat»), la job de couleur --potable-- rescape un dessin pas terrible, et mes oranges sont sortis rouges, mais je trouve qu'imprimé et relié, la sauce prend. C'est comme si j'avais voulu condenser le système Moral des troupes en 13 pages. Donc pour ceux et celles qui me demandent tout le temps un tome 2 au Moral, c'est là que vous allez le trouver.

L'éditeur m'a fait ajouter des notes de bas de pages pour aider les Français à comprendre mon charabia (ce qui gâche deux cases contemplatives qui auraient dû rester silencieuses, mais bon, si c'est pour être mieux entendu) et je suis surpris de voir qu'ils ont (soigneusement) enlevé mon lettrage de titre, mais c'est pas grave. J'ai juste pas du tout l'habitude de me faire éditer par quelqu'un d'autre que moi. En tout cas, je salue leur initiative d'écrire eux-même le petit texte de présentation des auteurs. C'est rare, ça. Merci à Vincent Bernière, qui m'a invité à participer à ce livre.

En relisant les pages, j'ai aussi remarqué que j'ai skippé quelques mots dans une phrase vers la fin, une erreur qui a dû passer pour une «expression québécoise colorée» aux yeux des réviseurs. Mais bon on comprend pareil. Cette relecture m'a aussi rappelé (non sans un certain frémissement) les conditions de guerilla dans lesquelles cette histoire a été conçue. Je devais la livrer, en même temps que les projets Shelton et Chartier, avant de partir à St-Malo, et à quatre jours du départ, j'étais pas encore arrivé à passer à travers la mastodontesque job du Chartier, j'ai donc dû faire ces 13 pages en trois jours. Deux heures avant le décollage, j'envoyais mes pages (n+b) à Vincent Bernière par courriel. Et j'avais pas dessiné depuis de longs mois, j'avais jamais été aussi rouillé. J'ai retravaillé l'histoire dans l'avion et je l'ai coloriée (après la date de tombée, donc très nerveux) pendant qu'on essayait de s'installer à St-Malo, avec du monde qui regardait par-dessus mon épaule et/ou qui attendait après moi. Et j'ai dû têter un lift pour aller acheter un scanner (qui s'est avéré fort poche) et emprunter le petit portable de pascal pour faire la pré-presse, etc. Enfin, ça a influencé ma décision de prendre ma retraite de l'édition, parce que j'étais toujours pogné dans ce genre d'osti d'calvaire pour faire mes planches.

Je sais pas si je suis à l'aise avec l'espèce de casquette de «Monsieur ethnie Québécoise» que je porte face aux Européens (après Québec un détroit dans le fleuve, Spirou spécial Québec, Le tour du monde en bande dessinée, l'adaptation des dialogues de Magasin général et les festivals dans lesquels on m'invite à aller représenter mon pays, je commence à me sentir un peu token folklorique). J'aime bien parler de chez-moi, faire connaitre le Québec tel que je le vois (ce qui est nettement plus constructif que l'attitude de ces Québécois qui se plaignent dans le vide de la superficialité des connaissances françaises sur le Québec), mais est-ce que c'est pas un peu facile et factice, tout ça ? Est-ce que je ne suis pas opportuniste de profiter de cette casquette ? Est-ce que je ne prends pas un raccourci ? J'imagine qu'il n'en tient qu'à moi de prouver que je peux faire autre chose que du tourisme dessiné.

Je sais pas trop quand ça sort au Québec, mais en France, le livre doit déjà être en librairie. Copines et copains qui vous vous retrouverez dans quelques jours à Angoulême, allez voir ça ! Ça m'écoeure vraiment de ne pas être des vôtres cette année, mais n'ayant pas de nouveauté (j'ai bien Demi-sommeil, mais ça compte pas vraiment), pas de job, pas d'ambition et pas une cenne, je dois passer mon tour. Passez un bon festival et buvez une blondasse pas buvable à neuf euros au Mercure à six heures du matin à ma santé, je ferai de même avec une délicieuse Boréale rousse à deux piasses au chaud dans mon salon.

Bises,

Jimmy