Monday, February 02, 2009

PINK FLOYD


«"Asti, el'soleil es'lève !" s'écria Steve, nous extirpant d'une transe qui durait depuis la tombée du jour. Nous avions les genoux à la hauteur du nez, évachés dans des divans que ses parents avaient voulu jeter, des années auparavent. Steve avait une drôle de voix. Après avoir rebondi sur sa lèvre inférieure pendante, elle était comme filtré par sa moustache molle. Comme si les diphtongues ne lui suffisaient pas, il quadriphtonguait. Quand il parlait, on voyait sa grosse pomme d'adam monter et descendre le long de son gosier, autour duquel les cheveux de sa nuque étaient collés comme des salamandres. Il était encore en bedaine, et il avait gardé, accroché à sa hanche, le torchon qu'il avait utilisé, l'après-midi d'avant, pour laver la Camaro de son frère. Les fils perdus au bas de ses jeans coupés à mi-cuisse entretenaient une étrange symétrie avec son toupet en brosse, ça faisait un effet de demi-lune dans sa silhouette. Ses yeux étaient huileux, à peine ouverts, soulignés par d'opulents cernes bleutés. La même cassette jouait depuis seize heures sur "Auto-reverse"»

extrait du roman
PINK FLOYD, ou La morbidité des partys de sous-sol à Beauport,
de Martin Gariépy