J'ai jamais vraiment pris de drogue, mais quand mes amis me décrivaient la musique entendue "sous-influence", j'trouvais que ça ressemblait pas mal à ce que j'éprouvais en écoutant de la musique quand je dessine.
Il y a quelques disques qui m'ont aidé à passer à travers le sprint de fou dont je sors en ce moment pour la réédition de Quelques pelures.
THE ROOTS - Game Theory
Bon à en saigner des yeux.
8/10
PET SHOP BOYS - Fundamental
J'sais pas pourquoi les Pet Shop Boys sont ignorés de même. Leur dernier est un joyau de rage politique présentée avec leur trademark de stoïcité, de pince-sans-rire et d'exubérance disco. Quand on entend les choeurs angélique chanter tout-à-fait sérieusement "SUN, SEX, SIN, DEATH & DESTRUCTION", dans le bridge flamboyant de "The Sodom & Gommorah Show", c'est assez dur de résister. Leur pognage de nerfs au sujet de l'amitié Bush/Blair : "I'm With Stupid", est aussi hilarante qu'inquiétante. Tennant & Lowe posent toujours comme de grands artistes contemporains semi-loufoques, ils sont esthètes ultra-sensibles, fascinés par l'ennui, mélodistes, arrangeurs et producteurs de talent. Il ne faut pas oublier qu'il ont eu le goût impeccable de sortir Dusty Springfield de l'oubli en 1987, alors que les revivals fin de siècle n'allaient pas commencer avant dix ans (sauf pour un autre miracle de cette époque : Paul's Boutique). Le plus chouette, c'est que leur musique cache sa grande intelligence sous une couche de la musique la moins respectée au monde : le dance. Je les détestais quand j'avais 10-11 ans, mais aujourd'hui... COME OOOON !!! What's not to like ?
7/10
BEN LEE - Breathing Tornados
Bon, je triche, ce disque m'a surtout aidé (mais VRAIMENT AIDÉ) à finir Le moral des troupes, en 2004. Je sais pas ce qu'il a, il est magique. Très intimiste, pop, créatif, dynamique, galvanisant et apaisant à la fois. Et somptueusement naïf. Lee semble assez seul sur ce disque, il n'y a que sa voix (très belle là-dessus), les machines (très dépouillées) et de la guitare. Ça a un petit côté groupe cheap post-new-wave des années '80 qu'on était fier d'avoir découvert en vinyle importé, ce qui rend la musique parfaitement intemporelle, comme si on la connaissait depuis toujours ou si on l'avait déjà entendue en rêve. Il est paru en 1999, et sa pochette est de très loin la plus laide qu'il y a chez moi. Pour l'histoire, Lee a commencé sa carrière à peine post-pubère sur l'étiquette "Grand Royal". Son groupe punkeux de l'époque, Noise Addict est vraiment chouette et son premier disque solo "Grandpaw Would" (enregistré alors qu'il avait 14-15 ans en 1995) est un classique indéboulonnable que j'ai écouté des gabbazajilojillions de fois avec plaisir. J'ai cru remarquer qu'une de ses tounes passe souvent (avec plus d'un an de retard) à la radio commerciale ces temps-ci ("Catch My Disease"). Je suis vraiment content pour lui.
9,25/10
THE SMITHS - discographie
Oui, je fais partie de ceux qui ont eu la vie sauvée par les Smiths dans les années '80. Si ce n'était d'eux, je pense que le taux de suicide mondial aurait été doublé pendant cette décennie de la médiocrité. Bon, quand je pense aux années '80, je vois tout de suite des puits sans fin de corps mutilés par la torture, à moitié coulés dans le béton, lentement dévorés par des sangsues et tenus vivants par des implants en mélamine (avec des cheveux en pain sur la tête et des épaulettes)... et j'entends Michael Bolton, au loin... mais ça n'a pas été mieux par la suite, en fait. C'est une question de génération. Ceux qui, comme moi, ont été adolescents dans les années '80 se sont sentis libérés au début des anées '90 parce qu'ils ont arrêté de subir leur vie et ont pu en faire ce qu'ils voulaient en quittant le foyer familial et l'enfer de l'école secondaire (uuuurgh !). C'est pas la faute de la décennie mais de l'adolescence... Bush/Blair/Harper ne sont certainement pas mieux que Thatcher/Reagan/Trudeau/Mulroney. Et The Bachelor/Extreme Makeover est il mieux que Family Ties/Moonlighting ? Brrr ! De l'air, de l'air ! Au moins, aujourd'hui, on a encore les disques des Smiths pour nous sauver la vie. En plus ils sont pas chers.
9,75/10
CURVE - Cuckoo/Come Clean
Le monde qui découvre Curve sur le tard comparent toujours ça à Garbage. À ceux-ci je répondrais : Grabage est à Curve ce que les New Kids on the Block sont aux Beach Boys. Il y a chez eux toute une dimension abstraite et trouble qu'on ne retrouve pas chez Garbage. Leur mish-mash electro-trash-pop éthéré est plus sale, moins fait pour plaire. Ils ont ce petit quelque chose de plus, que j'appellerais pas vraiment du génie, mais de la justesse. Le problème, c'est que ceux qui ont copié sur eux ont terni l'image du genre, et ça peut sonner un peu quétaine à cause de ces copieurs. C'est arrivé à Lewis Trondheim, The Chemical Brothers et Quentin Tarantino, par exemple, mais faut pas pénaliser les artistes parce qu'ils sont pompés. J'ai une passe Curve une fois par année au moins. Quand il faut que ça opère, y'a pas beaucoup mieux. "Unreadable Communication" est la pièce qui me les a fait aimer pour toujours, et on ne se lasse pas de "Dirty High", "Beyond Reach", "Men Are From mars, Women Are From Venus", "Crystal", "Chinese Buirn", "Recovery", "Missing Link".... Ah oui ! Et la voix de Toni Halliday, c'est de la pornographie.
8/10